Ault Environnement a pris connaissance de l’avis de consultation numérique lancé par le SMBS-GLP dans le Courrier Picard du 26 juin alors que la période de concertation court du 10 au 30 juin.

Où est la concertation publique ?

Il est impossible de formuler un avis sérieux en trois jours sur un dossier qui comprend 14 documents et des centaines de pages. Ault Environnement n’a étudié que le résumé non technique et le programme d’actions concernant Ault. Il est très difficile en si peu de temps d’en parler collectivement comme le voudrait la démocratie associative pour prendre position sur le projet.

Le résumé non technique affirme que « la gouvernance s’appuie sur une démarche de concertation publique impliquant élus, acteurs locaux et usagers du littoral afin d’assurer une appropriation collective des enjeux et une mise en œuvre adaptée aux réalités du territoire ». Ces paroles ne correspondent pas à la réalité de la pseudo-concertation du SMBS-GLP.

La démarche du SMBS-GLP ne peut pas être considérée comme une concertation publique.

Le résumé du PAPI 2 indique que « la préparation du dossier de PAPI 2 a fait l’objet d’un dispositif de concertation allégé par rapport à celle du dossier de PAPI 1, considérant l’ensemble des actions de concertation déjà menées et la continuité entre le PAPI 1 et le PAPI 2 ».

Nous n’avons pas souvenir d’une concertation sur la PAPI 1. En quoi a-t-elle consisté ? Qui y a participé ?

PAPI ou PAGITC pour Ault ?

« Les PAPI lancés en 2002 au niveau national, ont pour objectif de structurer une réponse cohérente aux risques d’inondation et de submersion marine » ; « Par ailleurs, le PAPI Bresle-Somme-Authie ne se limite pas à la prévention des inondations. Il est associé à deux volets spécifiques sur l’érosion des falaises et la gestion du cordon dunaire… Ces deux volets sont les prémices d’un PAGITC (Plan Local de Gestion Intégrée du Trait de Côte) qui sera formalisé en parallèle du PAPI 2. » selon le résumé.

Mais page 10, on lit : « L’État a souhaité que ces thématiques érosion dunaire et falaises soient sorties du nouveau plan d’actions… Le préfet a proposé aux collectivités locales… de travailler à l’élaboration de stratégies locales de gestion du trait de côte-SLGITC sur deux secteurs : le secteur falaises d’Ault et le secteur dunaire de Quend-Fort-Mahon. »

Nous savons que :

. Le conseil municipal d’Ault a voté le 22 juillet 2024 sur des orientations à négocier dans le PAPI 2 qui doit prolonger le PAPI 2015-2024.

. Le maire a annoncé lors de l’assemblée générale d’Ault Environnement le 12 avril 2025 que l’État avait exclu Ault du PAPI et traiterait des falaises aultoises dans une autre procédure à engager. Il l’a annoncé également lors de la réunion publique du 19 avril.

. A quoi sert l’inscription d’actions sur le littoral aultois dans le PAPI ? Quelle est sa portée ?

. En quoi est-ce le « prémice » d’un PAGITC ? Quand et comment sera élaboré le PAGITC ? Sous la responsabilité de qui ?

. A quoi serviront les avis émis sur le document PAPI 2 si une autre procédure doit s’engager pour les falaises d’Ault ?

Érosion côtière à Ault, mythe ou réalité inéluctable ?

Page 10 du résumé du diagnostic, le SMBS-GLP ressort un photomontage impressionnant du recul de la falaise face à la rue de la Montagne. Ault Environnement, dans son livre Histoires de falaises a démontré l’erreur volontaire ou pas dans ce montage. En 2008, le sentier des douaniers dénommé « rue 1 » pour dramatiser n’était pas si loin du bord de la falaise d’aujourd’hui. A notre connaissance, le recul moyen y est de 35 centimètres par an.

Le diagnostic ne fait pas état de la stabilisation de la falaise là où elle a été protégée par la digue 83.

Le retour de la stratégie établie en 2014 ?

Le programme d’actions, dans son chapitre sur les falaises, page 214, commence ainsi : « Le présent programme prévoit la mise à jour de la stratégie établie en 2014 au regard du contexte local et national (loi Climat et Résilience notamment) pour la projeter à nouveau sur les prochaines années. »

On lit page 218 : « La stratégie spécifique au programme « falaises », élaborée en 2014 notamment dans le cadre de l’appel à projets du ministère de l’Écologie « Expérimentation de la relocalisation des activités et des biens : recomposition spatiale des territoires menacés par les risques littoraux », reste globalement pertinente aujourd’hui ».

Les aultois se souviennent d’avoir découvert par la presse en 2013 la stratégie de relocalisation dans les 5 ans de 84 maisons menacées à long terme par l’érosion de la falaise (certaines à 100 ans) dans une hypothèse d’abandon des ouvrages de protection. On entendait parler de « repli stratégique ».

. Va-t-on nous resservir cette stratégie de relocalisation en l’aggravant en raison du changement climatique ?

Les aultois se souviennent de l’inscription sur la carte des ouvrages de protection du littoral aultois dans le PAPI 1 en 2015 : « Entretien minimal pour éviter la ruine, le temps d’organiser le repli ».

Les aultois ne savent peut-être pas que la révision en cours du PLU d’Ault pour rendre constructible le site du Moulinet invoque encore l’objectif de relocalisation de logements du front de mer.

. Nous attendons la clarté et la sincérité de la part des responsables de nos institutions. Nous attendons le débat public qui n’a jamais eu lieu sur un éventuel repli stratégique qui constitue un important choix de société.

Le PAPI 2, continuité, piétinement ou recul par rapport au PAPI 1

Le PAPI 1 concernait la période de 6 ans 2016-2021. Il a été prolongé jusqu’en 2024 en raison des retards dans sa mise en œuvre. Le PAPI 2 prévoit des actions de 2025 à 2030.

L’étude stratégique sur la gestion du trait de côte (action F-A4) et l’étude sur le site de l’ancien casino (action F-A3E) devaient être menées de 2018 à 2021. Elles n’ont pas été menées et sont maintenant prévues de 2026 à 2028, chacune pour 150 000 € hors taxe.

. Quelles garanties a-t-on qu’elles soient menées ?

. Comment lever au plus vite l’hypothèque sur l’ancien casino, important lieu public dont les niveaux inférieurs vides depuis des années pourraient accueillir des activités attractives ?

. L’étude sur la casquette prévue avec celle du casino va-t-elle attendre 2028 alors que son état est préoccupant à certains endroits ? Quelles mesures immédiates de précaution sont envisagées pour limiter les dégâts de l’eau pluviale sur la casquette et la falaise et pour empêcher la circulation des poids lourds interdite mais possible ?

Le PAPI 1 avait prévu une étude sur le renforcement de l’ancrage du cordon de galets à la limite d’Ault et Woignarue. Cette étude a été menée d’après ce que nous savons. Les travaux devaient être programmés dans le PAPI 2 prévu alors à partir de 2022.

. Nous demandons communication de cette étude.

. Nous nous étonnons de pas voir de travaux programmés dans le PAPI 2.

L’avenir du hable d’Ault en question

L’action 4-4 « Scénarios d’adaptation de la zone rétro-littorale des bas-Champs » est décrite ainsi : « A partir d’un état des lieux des enjeux présents et de leur vulnérabilité (habitat, camping municipal à relocaliser, présence d’une station d’épuration, activité agricole et cynégétique, milieux naturels…), l’étude visera à construire dans une démarche concertée un scénario d’adaptation sur territoire, et à identifier les différents leviers à mobiliser pour sa mise en œuvre dans un délai compatible avec le scénario de gestion retenu et l’intensification des aléas climatiques. »

. L’abandon du renforcement de l’ancrage du cordon de galets cité plus haut signifie-t-il que l’étude de scénarios va privilégier la dépoldérisation du hable d’Ault étudiée en 2015 puis abandonnée ?

Le serpent de mer de la prolongation de la digue 83

Un projet d’enrochement est enfin prévu au pied de la falaise sous la côte de la Montagne pour achever la protection du centre-bourg. Ce n’est pas la prolongation de la digue 83 tant attendue par les aultois, mais c’est déjà quelque chose.

. Pourquoi attendre 2028 pour engager l’étude et commencer les travaux ? Attend-on le prochain éboulement qui ruinera les travaux d’aménagement de voirie et d’espaces verts réalisés en 2023 ?

Quel est le montant de ces travaux neufs dans une zone que le PPR considère comme dangereux à partir de 2024 et qu’on tarde à protéger de l’érosion ? Faut-il considérer que la conservation des maisons de la rue de Saint-Valery n’est pas garantie ?

. Pourquoi la commune d’Ault ne sera aidée qu’à hauteur de 10% pour de tels travaux ?

. L’État est-il prêt à donner son autorisation d’occupation du domaine public maritime pour permettre cet enrochement ?

Le désenclavement du haut du quartier du Bel-Air

L’étude F-A2E prévue en 2026 et les travaux F-AET dont le calendrier n’est pas fixé mettront enfin en œuvre une solution envisagée depuis 2017 dans le Plan Local d’Urbanisme où un emplacement a été réservé pour la prolongation de la rue Mariage vers l’intérieur des terres afin de désenclaver le quartier quand le boulevard du Bel Air sera menacé d’éboulement par le recul de la falaise. Cette décision s’appuyait sur la prévision du Plan de Prévention des Risques de 2015 selon laquelle la zone de danger dès 2024 serait en limite de la chaussée. Le dernier éboulement sous le blockhaus est venu confirmer cette prévision. L’accès automobile d’une vingtaine de maisons et leur desserte par les réseaux est en jeu.

. Les plans de financement de ces actions ne sont pas clairs et probablement faux. Le total des financements est inférieur ou supérieur au coût total.

. Quel est le programme Feder qui permettrait un financement européen ?

Information et concertation attendues

Nous demandons un véritable dialogue avec les institutions pour la suite des démarches de gestion du trait de côte, que ce soit sur les choix stratégiques, sur les solutions concrètes et sur les travaux d’entretien.

Ault Environnement a envoyé une lettre de demande d’information au SMBS-GLP les 13 décembre 2024 et relancé le 10 décembre 2024 en l’absence de réponse. Un responsable du SMBS-GLP a proposé une rencontre qui a eu lieu le 3 février 2025. Nous n’avons eu aucune confirmation écrite que des travaux de réparation de l’épi de la plage du centre en mauvais état et de reconstruction de la descente à bateaux qui servait par ailleurs aux personnes à mobilité réduite seraient abandonnés. Les aultois restent dans l’inconnu.

. Quels choix ont été faits pour la plage du centre sous le casino ?

Les modalités de la concertation mise en avant dans les projets d’études du PAPI 2 n’est pas précisée.

. Ault Environnement demande que soit appliquée la charte de la participation du public établie par le ministère de l’environnement et signée par certaines institutions. Un guide de prise en main de cette charte aidera les personnes non aguerries à se saisir des bonnes idées de cette charte.

. Ault Environnement demande à être associée aux études concernant Ault dès la phase de définition des cahiers des charges fixant la commande aux bureaux d’études puis pendant leur déroulement.